DAMBURY Gerty


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France (Guadeloupe) Origine de la bourse : Centre national du Livre

Bourse d’écriture du Centre national du Livre - 1992

Gerty Dambury est née en 1957 à Pointe-à-Pitre ; elle a passé sa petite enfance en Guadeloupe et son adolescence à Paris. Elle est à la fois poète, dramaturge, nouvelliste, critique de théâtre, actrice, metteuse en scène et professeur d’anglais.

Elle a fait des études de langues (anglais, arabe) à l’Université Paris VII de Vincennes tout en militant dans des groupes féministes et en s’exerçant à l’écriture dramatique collective avec ses compagnes de la Coordination des Femmes Noires. Elle obtient en 1978 une maîtrise d’anglais. En 1981, elle rentre dans son île natale où elle enseigne l’anglais dans divers collèges et lycées. En 1989, elle quitte la fonction d’enseignante pour occuper le poste de Conseiller pour le Livre et la Lecture à la Direction régionale des Affaires culturelles, avant de travailler auprès du préfet de Guadeloupe en tant que responsable des projets éducatifs dans les zones de développement social de quartier (1991-1992). C’est notamment sous son impulsion que le Centre Culturel Lacroix voit le jour aux Abymes ou encore la bibliothèque du Moule.

Dans les années 1990 des ateliers et des résidences d’écriture favorisent l’épanouissement d’une œuvre désormais remarquée. Elle écrit de nombreuses pièces qu’elle met souvent en scène : Carfax, Fyèl, Baton Maréchal, Lettres Indiennes, Carêmes

En 1992, elle obtient sa première résidence d’écriture au Festival des Francophonies en Limousin et y fait la lecture de Lettres Indiennes, publiée ensuite chez Lansman et montée par Alain Timar en Avignon en 1996 et par Françoise Kourilsky à New York (en anglais), en 1997.

Enseignante de retour à Paris, elle poursuit son travail d’écriture et publie en 1999, son premier recueil de nouvelles Mélancolie, suivi la même année d’un recueil de poèmes Fureur enclose. En 2000, elle est accueillie en résidence d’écriture à la Chartreuse de Villeneuve-Lèz- Avignon (fondation pour les écritures du théâtre) où elle écrit Enfouissements, puis à Orford (Québec) où elle écrit en 2001 Confusions d’Instants.

A son actif aussi, plus d’une dizaine de mises en scènes, parmi elles, citons des pièces qu’elle a écrit, comme Carêmes commandée par la Scène nationale de Guadeloupe (1998), ou celles d’autres auteurs tel le texte de Derek Walcott The Sea is History (1996).

En 2003, Gerty Dambury, enseigne l’anglais en région parisienne et en a profité pour compléter son cursus universitaire par un Master II d’Etudes Théâtrales (2006). Elle consacre également son temps à l’association "L’Image à la Parole", structure créée par la cinéaste et documentariste Claude Bagoé Diane et qui a pour objet de proposer un accompagnement culturel aux adolescents relevant de la protection judiciaire ou de l’éducation nationale en leur permettant, au travers d’expressions artistiques diverses, une reprise de contact avec leurs cultures d’origine.

En 2008, elle monte deux pièces, Trames, qui reçoit le Prix SACD de la dramaturgie de langue française, et Verre Cassé d’Alain Mabanckou. En 2009 elle est en résidence à la Galerie Canopy, galerie d’art contemporain installée dans un quartier populaire du 18eme arrondissement, pour y terminer l’écriture d’un roman.

Gerry Dambury a reçu en 2010 une mention spéciale pour la qualité de l’ensemble de son œuvre du Prix Carbet, et en 2016 le 26e Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2016 lui a été décerné pour son essai Le rêve de William Alexander Brown publié aux Editions du Manguier (suivi de La compagnie africaine ­présente ­Richard III.

En 2012, Gerty Dambury initie Le Séna, un concept théâtral basé sur l’improvisation, qui rassemble comédiens et spectateurs dans une très grande proximité. Il repose sur l’échange entre les participants, à partir de textes de la littérature caribéenne, en français, en anglais, en espagnol ou en créole.

A la fin de cette même année 2012, Les Editions du Manguier publient son premier roman : Les Rétifs (Lire la note de lecture de Leïla Leclaire / Africulturess).

Mise à jour janvier 2016

Créations de l'auteur

Textes

Des doutes et des errances. Les Editions du Manguier, 2014. Mise en scène Jalil Leclaire, au Musée Dapper, janvier 2015.
suivi de Les Atlantiques amers, Les Editions du Manguier, 2014.
Carfax, inédit. Création au Centre des Arts de Pointe-à-Pitre, mise en scène de l’auteure, 1986.
Fyel, inédit. Création au CGOS de Guadeloupe, mise en scène de José Exelis, 1986.
Bâton Maréchal ou An Tan Sorin, inédit. Création au Centre des Arts de Pointe-à-Pitre, mise en scène de l’auteure, 1987.
Rabordaille, recueil de poésie, Éditions Théâtre Ouverture à Pointe à Pitre, 1989. Création en Avignon, repris en 1990 au dix-septième Festival des Arts de Fort-de-France, Martinique, mise en scène de l’auteure.
Lettres indiennes, Éditions Lansman (Belgique) 1993. Création en Avignon, 1996, mise en scène d’Alain Timar au Théâtre des Halles.
Crosscurrents, traduction de Richard Philcox, créée à New York, mise en scène de Françoise Kourilsky, Ubu Repertory Theatre, 1997.
Madjaka ou la fin du bal, inédit. Création à Basse-Terre, Guadeloupe, mise en scène d’Evelyne Guillaume, 1996.
Survols, in : Démocratie mosaïque 1. Editions Lansman, 1995. Dramaticule primé pour le concours "Une scène pour la démocratie", 1995.
Camille et Justine, 1997. L’Annuaire Théâtral 28 (automne 2000). Editions Rivarticollections – New York, 2006 .
Carêmes, inédit. Création à Basse-Terre, Scène Nationale de Guadeloupe, mise en scène de l’auteure, 1998.
Reflux, 1998. Texte dramatique paru dans Mélancolie, nouvelles. Lu en tournée, et travaillé aussi avec des adolescents. Création pour les Rencontres de la Cartoucherie de Vincennes, mise en scène à trois voix de Koffi Kwahulé, juin 2000.
Cours lointaines, inédit. Créée à Neuchâtel, Suisse, juin 1999, mise en scène de Gerty Dambury, 1999.
Enfouissements, inédit, 2000. Lue à Villeneuve-lez-Avignon en avril et au Mans (Théâtre de l’Éphémère, 6 mai 2000).
Confusion d’instants, 2000. Comédie inédite, créée le 13 mai 2003, en Guadeloupe, mise en scène de l’auteure.
Trames, Les Editions du Manguier, 2008. Prix SACD de la dramaturgie de langue Française 2008. Mise en scène de l’auteure, au Théâtre du Musée Dapper à Paris, novembre 2008 ; du 29 septembre au 3 octobre 2009, à la Grande Halle de la Villette (Théâtres Créoles).

Romans
La Jamaïque est mon Afrique, Les Editions du Manguier, 2014
Les Rétifs, roman, Les Editions du Mangier, octobre 2012.
Sérénade à Poinsettia (Les éditions du Manguier, 2015).

Poésie

Rassemblement, Éditions Revue Noire, Paris, 1993.
Fureur enclose, La Flèche du Temps, Colonges-les-Sablons (France), 1999.
Charme et Seule. Boutures 2.1 (septembre 2001-février 2002).
Poèmes – in Anthologie de la Poésie Antillo-Guyanaise, dirigé par Jacques Rancourt – éd. Le Temps des Cerises, 2006.
Effervescences, Les éditions du Manguier,‎ 2010

Nouvelles

Dialogue, nouvelle poétique. Bouquet de voix pour Guy Tirolien. Jasor, Pointe-à-Pitre, 1988.
Ruptures, nouvelles. Éditions de L’Hexagone, Montréal, 1998.
Mélancolie, [onze] nouvelles. La Flèche du Temps, Colonges-les-Sablons (France)1999.

A propos de Gerty Dambury

Les Dramaturges antillaises, Cruauté, créolité, conscience féminine, de Carole Edwards, L’Harmattan, Paris 2008.
Entretien avec Gerty Dambury. Elles écrivent des Antilles. Suzanne Rinne and Joëlle Vitiello, par Suzanne Houyoux L’Harmattan, Paris, 1997.

Sylvie Chalaye : Et si c’était ce dont nous parlons tout le temps ? Entretien avec Gerty Dambury et Boubacar Boris Diop, Africultures, Limoges, 1999.

Pressentir l’autre : Gerty Dambury, dramaturge poétique guadeloupéenne, de Christiane Makward, L’Annuaire Théâtral 28 (automne 2000).

Sylvie Chalaye : Classifier, c’est éviter de s’interroger, entretien avec Gerty Dambury, Africultures, Avignon, 2001.

Sylvie Chalaye : De tram en Trames, entretien avec Gerty Dambury, Africultures, Paris 2008.

Sylvie Chalaye : Le théâtre de Gerty Dambury : un marronnage au féminin, Africultures no 80/81 : Emergences Caraïbes, une création théâtrale archipélagique, 2010, Paris, p. 231 - 237.

Traductions

Topdog/Underdog, traduction de l’américain de la pièce de Susan-Lori Parks – Prix Pulitzer Théâtre, éditions Théâtrales - Paris.
Le Prophète de Kahlil Gibran – traduction en créole et spectacle au Fort Saint-Charles – Basse-Terre, commande du Centre d’Action Culturelle de la Guadeloupe, 1985.

Essais

Le rêve de William Alexander Brown suivi de La compagnie africaine ­présente ­Richard III (Editions du Manguier, mars 2015), 26e Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde 2016
L’espace qui nous habite – (essais sur le lieu et la création) – Revue Les Cahiers de Prospéro N°12
Ancrages et Flottaison, texte sur les peintures de Robert Radford, préface d’Aimé Césaire. Fragments, Paris 2002 (court essai sur le peintre).

Mises en scène

Trames, de Gerty Dambury, Théâtre du Musée Dapper à Paris, novembre 2008.
Verre Cassé d’Alain Mabanckou, 2008.
Fanon/Glissant : montage, choix de textes et mise en scène au Grand Parquet. Paris, 2007.
Homo Humus Est de Fabienne Kanor. Mise en lecture au Théâtre du Rond Point, 2006.
JAZ de Koffi Kwahulé : mise en lecture à la Maison Française, New York University dans le cadre de Act French, 2005.
Exploring Caribbean Theatre, travail expérimental autour du texte de Simone Schwarz-Bart Pluie et Vent sur Télumée-Miracle.
Congrès de ALA (African Literature association), Université du Wisconsin (Madison), avec Roselaine Bicep, Martine Maximin et Gerty Dambury, 2004.
Confusions d’Instants, texte de Gerty Dambury, mise en scène Festival des Abymes – Guadeloupe, avec Roselaine Bicep, Tadié Tuéné, Rodrigue Balon, 2003.
Poésie créole, traductions en créole du Prophète de Kahlil Gibran. Mise en espace à la Comédie de Reims dans le cadre du Printemps des poètes, 2001.
Reflux, de Gerty Dambury, lecture aux Rencontres de la Cartoucherie - Vincennes 2000, mise en scène Koffi Kwahulé.
Cours lointaines, création à Neuchâtel - Suisse, Gerty et René Dambury (percussions), 1999.
Silences textes de Césaire, Glissant et Walcott - Composition pour danseuse et musiciens (Saxophone et Percussions.) Commande pour le Colloque des Architectes de la Caraïbe, 1998.
The Sea is History, texte de Derek Walcott, mise en musique avec percussions. Scène Nationale de Guadeloupe, 1996.
Labrin Lavi - Texte en créole de Gerty Dambury sur la musique du Requiem de Mozart. Inauguration de la Scène Nationale de Guadeloupe, 1996.
Moi Tutsie, lui Hutu de Gerty Dambury– texte à deux voix et deux musiciens – Université des Antilles-Guyane (20e anniversaire), 1995.
Fermez la porte, on meurt de Gerty Dambury – Composition poétique pour Saxophone et Percussions. Fort Fleur d’Epée de la Guadeloupe, 1991.
Parcours d’Exil – textes de Vents, Eloges, Amers de Saint John Perse – commande du Festival de Lille, 1990.
Dialogue – Texte pour Guy Tirolien – Spectacle musical avec Saxophone – Commande du Comité en Hommage à G. Tirolien, 1989.
Rabordaille de Gerty Dambury – commande du Festival d’Avignon – Cloître des Célestins – Hommage à Aimé Césaire (puis tournée en Guadeloupe et en Martinique), 1988.
Vents de Saint John Perse – commande de la Mairie de Pointe-à-Pitre pour le Colloque commémorant le centenaire de la naissance de Saint John Perse, 1987.
Bâton Maréchal de Gerty Dambury – produit par Théâtre Ouverture – Centre des Arts de Pointe-à-Pitre, 1987.
Carfax de Gerty Dambury – Rencontres Caribéennes de Théâtre organisées par le Centre d’Action Culturelle de la Guadeloupe – Centre des Arts de Pointe-à-Pitre, 1986.
Le Prophète de Kahlil Gibran – traduction en créole et spectacle au Fort Saint-Charles – Basse-Terre, commande du Centre d’Action Culturelle de la Guadeloupe, 1985.

Autres informations

Gerty Dambury et les Francophonies en Limousin

En 1992, elle obtient sa première résidence d’écriture au Festival des Francophonies en Limousin et y fait la lecture de son projet : Lettres Indiennes,

En 2000, elle anime des ateliers d’écritures dans deux collèges de la région.

Dimanche 5 octobre 2008 à Limoges, le Prix de la Dramaturgie francophone a été remis à Gerty Dambury, pour sa pièce Trames,par Bruno Allain, administrateur théâtre de la SACD en présence de Marie-Agnès Sevestre, directrice des Francophonies en Limousin. Une lecture du texte Trames a ensuite eu lieu dirigée et jouée par Nicole Dogué avec Andréa Ferréol et Axel Kiener.

En 2018, pour le 35e Festival des Francophonies, elle présente "Le Séna", une improvisation littéraire conviviale.

Autres résidences

2000 : Résidence du Millénaire Chartreuse de Villeneuve-Lez-Avignon (Enfouissements)
2001 : Résidence Francophone à Orford au Québec (Confusion d’Instants)

Missions

Chargée de mission auprès du Rectorat de Guadeloupe, aide à la création et à l’animation d’ateliers de théâtre dans les collèges (2002/2003).
Chargée de propositions pour le Théâtre Caribéen aux rencontres de Créateurs de la Caraïbe (Caribnet) - Fonds Saint-Jacques, Martinique (avril 2002)
Animations d’ateliers de Théâtre et d’écriture : Maison du Geste et de l’Image à Paris, Festival des Francophonies à Limoges, Centre Dramatique Régional de la Martinique, Centre Culturel de Rencontres du Fonds Saint-Jacques, Martinique (1998-2000).

Liens
Entretien avec Gerty Dambury pour Le Sena(Limoges - 2018)

Les éditions du Manguier

La Fabrique insomniaque

sur le site « île en île » :
Enfouissements, extrait de la pièce de Gerty Dambury.
Mon cheval de bataille est l’intime, entretien avec Gerty Dambury réalisé par Stéphanie Bérard (mars 2003).

ailleurs sur le web :
Africultures : entretiens avec Gerty Dambury et reportages, présentation de Trames

- 
Entretien avec Gerty Dambury
par Bruno Allain, administrateur théâtre de la SACD

Bruno Allain : Trames est la rencontre entre l’univers intime et familial et l’univers politique des Antilles. Vous vivez aujourd’hui à Montreuil après dix-sept ans passés en Guadeloupe. Les allez retours entre les Antilles et la France vous ont-ils permis d’adopter un regard moins passionné, de prendre justement un peu de recul sur ce que vous souhaitiez exprimer ?
Gerty Dambury : Mes autres textes sont déjà dans une approche critique. Déjà dans La Pointe, un de mes poèmes, et dans Confusions d’instants, je parlais de ces dérives. Dans les rues, tous ces jeunes guadeloupéens aux yeux rouges, rongés par la drogue. Des familles déchirées par ce mal silencieux. Mais Trames, c’est le résultat d’un long mûrissement d’une dizaine d’années. Il m’a fallu du temps pour que ce texte émerge ainsi que le recul que m’apporte le fait de ne pas vivre en Guadeloupe en ce moment. Je ne me sens plus aussi écorchée que je l’étais au pays. Toutes les émotions accumulées ont pu être posées par écrit à Paris. Ce recul m’a permis de mieux exprimer ce que j’avais sur le cœur.
Mes textes, même Trames, restent toujours très passionnés mais je ne pleure plus en les entendant jouer.

B. A. : Un texte passionné parce qu’il y a beaucoup de vous-même ?
G. D.  : Oui forcément, on me le dit souvent. Mais en fait, j’ai été étonnée que ce texte plaise autant parce que, contrairement à ce que l’on en dit, pour moi il vient d’un fait extérieur. C’est un peu étrange ; j’ai écrit beaucoup de textes avant Trames que je considérais comme plus personnels ; et maintenant que j’écris un texte sur l’expérience des autres, tout le monde en fait un texte intime et passionné.
Le point de départ, c’est un fait divers. France Alibar avait écrit un recueil d’histoires et de témoignages de femmes guadeloupéennes : Le Couteau seul  : la condition féminine aux Antilles (Editions caribéennes). Ces femmes jouent un rôle de pivot dans la famille et la société guadeloupéennes. Cette auteure est vite devenue une figure emblématique pour les militantes féministes en Guadeloupe et dans la diaspora. Et un jour, dans les années 1990, elle a été assassinée par son propre fils. Je ne sais rien des raisons de cet acte, mais touchée par l’œuvre de France Alibar, j’ai tenté de persuader une amie cinéaste de s’emparer des histoires de violences familiales qu’elle avait recueillies auprès de femmes guadeloupéennes. Comme elle n’en éprouvait pas le désir, j’ai fini par traiter ce sujet moi-même.

B. A. : J’ai vu que, pendant plusieurs années, vous avez continué d’écrire sans divulguer vos oeuvres. Le fait d’avoir porté Trames au public dans une production scénique est-il le signe pour vous d’une plus grande maturité ?
G. D.  : J’ai moins le désir de m’opposer à ce que je fais et à ce que j’écris. Le texte vit ; on ne le maîtrise pas ; c’est le cas de Trames.

B. A. : Trames va être joué tout au long du mois de novembre prochain au musée Dapper à Paris. Comment en est-on venu à cette production ?
G. D. : Grâce à un producteur audacieux, La Fabrique Insomniaque, j’ai pu faire jouer mon texte. J’ai pensé à Firmine Richard pour interpréter le rôle de Gilette.
J’aime beaucoup Firmine. Elle colle parfaitement au personnage ; on la voit joviale ; mais derrière cette image imposante, elle a des failles, beaucoup de choses cachées à montrer.

B. A. : Dans cette production, vous êtes à la fois auteure et metteur en scène. Cela a-t-il eu une incidence sur votre travail d’auteure ?
G. D.  : j’ai écrit ce texte en juillet 2007, puis j’ai décidé de le monter et le Théâtre des Roches a accueilli la compagnie La Fabrique Insomniaque en résidence de création pour quelques répétitions et deux représentations du travail en cours au mois de mai 2008. J’ai également fait une lecture de Trames au théâtre de la Reine Blanche grâce au Festival Fulgurances.
En tant que metteur en scène, je me suis aussi sentie obligée de prendre de la distance avec le texte. Je l’ai abordé comme s’il avait été écrit par quelqu’un d’autre afin de voir émerger des images, un sous texte, des références que j’aurais pu laisser passer à cause d’une trop grande familiarité avec les mots du texte.
Grâce à ces résidences, Trames a évolué, notamment le rôle des personnages. Par exemple, celui de Dabar a été accentué. Dans un passage du texte, elle intervient sous forme d’une succession de proverbes et dans d’autres, elle vient ponctuer des moments de tension. Le travail s’est donc fait à quatre, avec les trois acteurs : Firmine Richard, Martine Maximin et Jalil Leclaire.