Jérôme Richer est arrivé en résidence

Depuis quelques jours, Jérôme Richer est arrivé en résidence à la Maison des auteurs·rices. La maison est maintenant remplie et chacun·e peut échanger avec les équipes des Francophonies, comme entre elleux, aller à la rencontre d’associations de Limoges et nourrir leurs écritures.

Jérôme Richer a publié sur ses réseaux sociaux un extrait de son texte en cours d’écriture "Devenir viande" relatant le quotidien d’une femme vivant dans un grand abattoir moderne, objet de plusieurs scandales. Texte très documenté, comme toutes les œuvres de l’auteur, Devenir viande parle à la fois de ce qui est fait aux animaux mais aussi de la violence que vivent les hommes et les femmes qui travaillent dans ces lieux.

Jérôme Richer sur ses réseaux sociaux :
"Résidence d’écriture à la Maison des auteurices de Les Francophonies - Des écritures à la scène à Limoges jusqu’au 15 décembre (avec une petite coupure de 4 jours). C’est précieux d’avoir un temps pleinement consacré à l’écriture, d’organiser son emploi du temps uniquement en fonction de ça. Cela permet une plongée dans le texte plus profonde, avec chaque jour de nouvelles découvertes.

EXTRAIT TEXTE ÉCRIT HIER (19/11/23) -
Note : Sans les retraits à la ligne, ni les italiques
"À un moment, la bête, ça devient l’ennemi
Comme à la guerre
Avec deux camps qui s’opposent
Se font face
Force contre force
Faiblesse contre faiblesse
D’un côté, il y a vous
Toi
Tes frères
Tes sœurs d’armes
Vous au contact direct avec l’ennemi
Avec le sang
La merde
Vous qui devez tenir vos positions
Vagues après vagues
Assauts après assauts
Sans jamais flancher
Courber l’échine, oseraient dire certains
Vous corvéables
Interchangeables
CDI comme intérimaires
Malgré les discours
La générosité de façade
Vous qui devez obéir à vos chefs
Parce que comme dans toute guerre, il y a des chefs
Ou plutôt
Dans votre camp à vous, il y a des chefs
Des chefs qui s’assurent que vous tenez la cadence
Repoussez constamment vos limites
Gagnez la bataille
Pour le bien de l’entreprise
Dans une vraie guerre, on dirait
Les officiers
Les généraux
Parce que des généraux, c’est bien connu, ça ne met pas les mains dans le cambouis
Les généraux, comme on l’a vu dans des films en noirs et blancs sur la première guerre mondiale, ça préfère discuter stratégie autour d’une table
À proximité d’un feu de cheminée
Parfois fumant le cigare
Avec un verre de whisky dans l’autre main
Parlant de mouvements de troupes, de soldats tombés au front avec un détachement aristocratique
Un général, ça ne connait pas l’odeur du sang
Ça regarde les affrontements à travers une caméra de vidéosurveillance
Pas comme un lieutenant
Un capitaine
Qui est envoyé directement au front pour remotiver les troupes
Et peut se confondre avec ses hommes
Et de l’autre côté
Oui
Dans l’autre camp, il y a l’ennemi
La bête, c’est l’ennemi
C’est ça
L’ENNEMI...
"