LUBIENSKI Tomasz


Pologne Origine de la bourse : Beaumarchais

Bourse de Beaumarchais - 1992
Journaliste, écrivain, auteur dramatique, essayiste, polonais et rédacteur en chef du "Nowe Książki" ("Lecture nouvelle")

Tomasz Lubienski est né en 1938 à Varsovie.
Il est licencié ès Lettres de l’université de cette ville.

Journaliste et essayiste, membre de diverses rédactions de revues culturelles, il travaille comme indépendant. Auteur dramatique et traducteur, il est également président de la section de Varsovie de l’Association des écrivains polonais ainsi que conseiller artistique du théâtre Na Woli et professeur à l’École théâtrale de Varsovie.

mise à jour avril 2014
photo Francophonies en Limousin, 1992

Créations de l'auteur

Textes édités

Treize textes théâtraux publiés dans la revue polonaise "Dialog".
Dix ouvrages publiés chez divers éditeurs polonais : romans, essais historiques ou littéraires, traductions.

Wszystko w rodzinie, Warszawa, Swiat Książki.
Mon cher agent secret, par Marek Radziwon (extraits de Gazeta Wyborcza, 22/03/05, p. 16, ek)
Wszystko w rodzinie (Tout en famille) de Tomasz Lubienski est un livre remarquable. Une lecture obligatoire tout court. Le livre parle de l’histoire d’un cousin qui pendant toute sa vie a été un dénonciateur de sa famille. Mais il montre aussi comment nous découvrons cette vérité surprenante et qu’est-ce que nous pouvons faire avec cette découverte. Lubienski écrit : « Lorsque nous voyons un tel individu, nous changeons de trottoir, nous ne mentionnons pas son nom dans une conversation, nous ne recopions pas son numéro de téléphone dans notre nouveau carnet d’adresses. » Et pourtant lui-même ne l’a pas fait, il a recopié l’adresse. Et il a même essayé de renouer le contact avec son beau-frère après l’avoir perdu. « Wszystko w rodzinie » de Tomasz Lubienski devrait être une lecture obligatoire pour ceux qui recherchent, dans les dossiers de la police secrète, certaines réponses concernant leur passé (...). Mais il serait injuste de réduire ce livre uniquement au niveau d’une voix de plus dans la discussion sur les dossiers des services de la Sûreté. « Wszystko w rodzinie » est un essai raffiné sur la mémoire, sur la Russie, la Lituanie, la Pologne, plein de références historiques et, très souvent, d’analogie lointaine, concernant le démembrement de la Pologne. En effet, l’appareil de la Sûreté de l’Union Soviétique y est un décor, mais la Sûreté n’est pas ici le héros principal Ce livre présente une panorama de toute la région lors de quelques décennies(...). Lubienski raconte la vie de son dénonciateur, Eks, analyse ses choix et le rôle du hasard dans sa vie, mais en même temps, et c’est peut-être plus important, il s’analyse soi-même, il analyse ses propres réactions, ses suspections, ses estimations. Et jamais il n’est sur de ses jugements. Finalement, après une longue enquête sur Eks et sur lui-même, il demande : « À quoi bon cette enquête ? Qu’est-ce que je veux dire par là ? Qu’est-ce que je cherche à savoir ? Et qu’est-ce que je ferai après avec toutes ces informations ? ». Le mouchard démasqué, la vérité a vu le jour, et pourtant cela n’apporte aucune satisfaction, mais au contraire, suscite de nouvelles inquiétudes. Des réflexions pareilles, il y en a davantage dans le livre de Lubienski (...) Le livre se compose de trois chapitres principaux. Le premier décrit les événements les plus anciens, des séjours de Lubienski à Vilnius dans les années 60, des épisodes familiaux, de longues discussions qui reviendront après dans les rapports d’Eks. Le deuxième chapitre englobe les années 80 et 90, l’époque où la vie cachée d’Eks a été découverte. Dans le dernier, Lubienski décide de partir pour Bonn pour rencontrer Eks et confronter la version des faits présentée dans les rapports avec celle de leur auteur. Il veut écouter les explications d’Eks, une sorte de confession de sa vie, il essaie de tout comprendre. Bien que ce soit une affaire d’importance cruciale pour lui, il ne pose pas beaucoup de questions et il n’avoue pas qu’il sait plus que son cousin ne le pense, qu’il sait notamment tout ce que disent les dossiers de la Sûreté (...). Le sujet est délicat, le livre n’apporte pas de réponses claires et évidentes. Tomasz Lubienski réussit à fuir les stéréotypes, même les plus évidents, dans chaque question (...) « Wszystko w rodzinie » n’est pas un livre évident. Il est complexe, car il pose des questions difficiles et laisse le lecteur avec ses doutes. Il traite d’un vrai sujet, même sensationnel : la présence d’un agent , d’un mouchard au sein de la famille. Et pourtant, il a la force de détruire efficacement toutes les arrières pensées et les attentes communes.

Mises en scène

Zegary (Les Horloges), mise en scène de Wlodzimierz Herman, Théâtre d’étudiants de Wroclaw, 1969,

Koczowisko (Le Camp des nomades), mise en scène de Tadeusz Minc, Théâtre Polski de Wroclaw, 1978,

Cwiczenia z aniolem (Les exercices avec un ange), mise en scène Maigorzata Dziewulska, Théâtre Kochanowski à Opole, 1979.

Smierc komandora (La mort d’un commandeur), mise en scène d’Eugéniusz Korin, Théâtre Polski de Wroclaw, 1985
Historia z psem (Histoire avec un chien), mise en scène de Tadeusz Minc Théâtre Polski de Wroclaw, 1990.

Le Dernier, Roman Pawlowski (fragments) mise en scène Tadeusz Bradecki, au théâtre Narodowyn, avril 2003.
La première du « Dernier » de Tomasz Lubienski, pièce écrite sur commande pour le Théâtre Narodowy, est un événement double. C’est un texte très important et sa mise en scène est extraordinaire. Le texte de Lubienski touche un problème très polonais. C’est un regard sur l’histoire des manoirs et des châteaux polonais qui au cours du XXème siècle, ont été victimes des guerres et du communisme. La propriété Rozampol, située à l’Est de la Pologne, est devenue la réincarnation de la cerisaie de Tchékhov. Mais ce n’est pas un voyage sentimental dans le monde de « Pan Tadeusz » de Mickiewicz, mais plutôt le démontage d’un mythe sur l’aristocratie polonaise. Dans la conscience de nombreux Polonais, le manoir reste toujours le symbole du patriotisme et de l’âme polonaise. Dans le texte de Lubienski, ce symbole perd tout son pathétisme. Lubienski n’épargne ni les paysans, ni les propriétaires terriens, ni leurs bourreaux en uniformes nazis ou soviétiques, ni le nouveau pouvoir qui après la guerre a condamné des manoirs et des châteaux à la dégradation et à la ruine. Il y a peu de metteurs en scène qui comme Tadeusz Bradecki, sachent donner une âme à un texte dramatique. Entre les mains de ce créateur, le texte historique de Lubienski devient une lame de rasoir qui met en pièces le XXème siècle. Le metteur en scène a eu l’excellente idée d’envelopper l’histoire de chansons : des standards d’avant la guerre, des chants de la Wehrmacht et de l’Armée Rouge, « Suliko »- chanson préférée de Staline et des chants de l’Union de la Jeunesse Socialiste. Le scénographe, Pawel Dobrzycki, a créé un très beau décor, un fragment de mur en ruine avec des traces de tableaux volés. Quant aux acteurs, il faut dire qu’ils font des miracles. Douze d’entre eux jouent une trentaines de rôles, et tout cela dans un rythme qui frise l’improbable. Le rôle principal est joué par Ignacy Gogolewski. Il faut admettre qu’il n’y a pas d’autres acteurs polonais qui présenteraient mieux le personnage d’un aristocrate déclassé. L’année prochaine nous aurons le 100ème anniversaire de « La cerisaie » qui a été un adieu au XIXème siècle. 100 ans après Tchékhov, nous avons un auteur qui traite le même sujet. Le résultat en est excellent. Le spectacle a eu lieu le 22 mars. (Gazeta Wyborcza, p.16, ep)