Chorégraphie Hafiz Dhaou, Aïcha M’Barek
Limoges - CCM Jean Moulin
Lundi 25 septembre à 20h30
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Narcose n.f. 1° Torpeur pathologique ; 2° Sommeil artificiel ; 3° Ou ivresse des profondeurs due à l’excès d’azote entraînant des troubles du comportement.
Narcose est le reflet d’une société qui s’appauvrit en oxygène (c’est-à-dire l’autre, l’humain et ce qu’il irrigue et diffuse), d’une société qui s’organise pour remettre en question ses valeurs et créer des in/certitudes. Il reste alors la possibilité de lâcher, abandonner et aller vers un ailleurs sans maîtriser ce qu’on va accomplir ou atteindre. Les deux chorégraphes tunisiens questionnent une société qui entraîne des individus à prendre des chemins sans retour. Pour échapper à ces choix radicaux, Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou se concentrent sur l’individu, le corps. Ils recherchent cet état de corps en apnée, de profond silence intérieur, qui précède un état d’exaltation pouvant altérer la motricité. Les chorégraphes cherchent ce moment de bascule, ce va-et-vient entre le corps en état de dormance et le cerveau conscient qui produit des images, lorsque la frontière entre réalité et vérité se trouble.
Alors que dans leurs précédentes créations Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou tendaient un miroir à la société, ils concentrent ici leurs regards sur l’individu. Ils sont partis de l’expérience, de l’observation de la danse en apnée, de ce que cette apnée produit sur le corps, pour aller vers une forme de fiction. Ils convoquent des images claires mais saturées et entament avec elles une danse folle et lucide. On est au bord de l’asphyxie, obligés de réagir très rapidement, il y a urgence. En immersion dans ce coma exploratoire, les trois interprètes négocient avec l’espace et leurs trajectoires, interpellent et questionnent le public. Les corps se révèlent tour à tour, contraints, parcourus de spasmes, incohérents, révoltés, épuisés, apaisés... Ils nous plongent dans un rêve de profondeur, sur la musique jouée en direct de OGRA, laissant libre cours à notre interprétation.
Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou sont nés à Tunis.
Ils vivent et travaillent à Lyon. C’est en 2005 qu’ils constituent la Compagnie CHATHA. Ils créent depuis lors leurs spectacles ensemble.
Après avoir intégré le Conservatoire de Musique et Danse de Tunis, ils rejoignent le Sybel Ballet Théâtre avec qui ils dansent dans Chutt, Ikaa, Karakouz, Elexir ou Sans Obscure aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger. A la même époque, ils étudient le cinéma au sein de l’Institut Maghrébin de Cinéma (IMC) à Tunis. En 2000, ils obtiennent une bourse de l’Institut Français de Coopération de Tunis et intègrent la formation de l’Ecole Supérieure du CNDC d’Angers. Aïcha M’Barek y crée le quatuor Essanaï (le créateur) et en 2002, elle crée le solo Le Télégramme, qui puise ses sources dans L’Amant de Marguerite Duras. Hafiz Dhaou crée lui le quatuor Inta Omri (tu es ma vie), hymne à la diva Om Kalhtoum. Il crée le solo Zenzena (le cachot) en 2002 puis intègre la formation EX.E.R.CE à Montpellier, dirigée par Mathilde Monnier. En 2005, il est danseur associé au CCN de Caen dirigé par Héla Fattoumi et Eric Lamoureux. Il dansera dans leurs pièces : La Madda, Pièze, La danse de pièze et 1000 départs de muscles.
Chacun de leur côté, ils voyagent en Afrique, en Asie, au Moyen Orient, en Amérique du nord, entretenant une correspondance à distance qui sera la matrice d’un solo écrit à deux : Kawa (présenté aux Francophonies en 2011). Ils créeront ensuite ensemble Sacré Printemps !, La vie est un songe ou Hamju. Ils ont été directeurs artistiques des Rencontres chorégraphiques de Carthage en 2011 et 2012. Deux ans plus tard, ils rejoignent le comité d’expert de la triennale Danse l’Afrique Danse à l’Institut Français de Paris et en 2015, la direction artistique de Spielzeiteröffnung 2015 : We don’t contemporary à Hambourg.
Entretien avec Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou pour "Narcose"
[Les CCIC s’incrustent] Aïcha M’barek : une expérience sensorielle
