SAUCIER Patric


Canada - Québec Origine de la bourse : Centre national du Livre

Bourse du Centre national du Livre - 2005

Auteur, metteur en scène et comédien.
Patric Saucier est né en novembre 1963 à Louiseville (Québec).
Diplômé du Conservatoire d’Art Dramatique de Québec et d’un DEC en arts plastiques.

Parmi la trentaine de mises en scènes qu’il a signées, nommons Matroni et moi à la Bordée ou Les combustibles au Trident. Celles de Hosanna, du Chien et de Johnny B. le tronc de Dieu lui ont valu d’être en nomination au Prix d’Excellence de la Culture. Son interprétation de Thésée lui a valu une nomination pour le Masque de meilleur rôle de soutien. On se souvient particulièrement de son interprétation du rôle éponyme de son spectacle solo, Le Boxeur, de celle de son Bug dans High Life, de son Diego Rivera dans La Casa Azul, ou du Mario Escalope d’Ines Pérée et Inat Tendu.

Patrick Saucier a reçu le Prix de la Dramaturgie francophone 2006 de la SACD pour son texte Deux semaines après l’éternité. La remise du prix a eu lieu le 1er octobre à Limoges, au Zèbre. Elle était suivie de la lecture du texte primé par la comédienne Myriam Boyer. Sa pièce Le Boxeur : la fin d’un gros câlisse, qu’il a créé avec sa compagnie, le Théâtre du transport en commun a été présentée au Tarmac de la Villette à Paris au printemps 2009.

En novembre 2015, Patric Saucier reçoit le prix Paul-Hébert (prix d’excellence des arts et de la culture) remis par le Conseil de la Culture "pour une interprétation remarquable dans un premier rôle" pour sa performance dans la pièce Une Chatte sur un toit brûlant.

Mise à jour décembre 2015 -

Créations de l'auteur

Textes de l’auteur mis en scène
(Parmi les dernières mises en scène, mises en ondes réalisées)

Le Boxeur, monologue théâtral, Editions Lansman, 2010. Création par le Théâtre du Transport en commun, présenté à Limoges au Théâtre Expression 7, du 14 au 17 mai, et au Tarmac de la Villette à Paris, du 26 mai au 6 juin 2009.

Doggy-bag, dans Les zurbains en série, Dramaturges Éditeurs, 2005. Création Théâtre Le Clou, dans un spectacle intitulé Les Zurbains 2002, 30 avril 2002

Il Pleut des vies, mise en scène de l’auteur, création au Théâtre de la Rubrique à Jonquière, hiver 2003 et lecture à la Semaine de la dramaturgie du CEAD, Montréal, 2001.

Et Cætera, mise en lecture de l’auteur à la Semaine de la dramaturgie du CEAD, Montréal, 2000.

Johnny B. le tronc de dieu, adaptation du roman Johnny s’en va-t-en guerre de Dalton Trumbo et mise en scène au Théâtre Ô délire à Québec, novembre 1995 et reprise en 1996.

L’Écume des jours, adaptation du roman de Boris Vian et mise en scène aux Théâtres Ô Délire et Théâtre de la Bordée, printemps 1994.

Lili l’été, dramatique radiophonique présentée sur les ondes de Radio-Canada en 2000.

Le Frappeur de tête, dramatique radiophonique présentée sur les ondes de Radio-Canada en 1988.

La Mémoire de neige, dramatique radiophonique présentée sur les ondes de Radio-Canada en 1997.

Quelques mises en scène de Patric Saucier

Limoges, avril 1905 de Joël Nivard, par le Théâtre Asphodèle. Création au Centre Culturel Jean Gagnant et autres représentations à l’Espace Noriac, Limoges, avril 2005.

Hosanna de Michel Tremblay, au Théâtre de la Bordée, qui a obtenu quatre nominations lors des Prix d’excellence des arts et de la culture à Québec, et trois lors de la Soirée des masques 2000.

George Dandin de Molière, Les Grands Départs de Jacques Languirand et L’Enfant-problème de George Walker, au Théâtre de la Bordée.

Le Chien de Jean-Marc Dalpé, et Les Combustibles d’Amélie Nothtomb au Théâtre du Trident.

La Nuit des Rois de Shakespeare, au Théâtre du Conservatoire de Québec.

Autres informations

Lien

CEAD

Deux semaines après l’éternité
notes de Patric Saucier pour le projet de résidence à Limoges en 2006

Lors d’un séjour au Mexique, je discutais avec un ami de Mexico des divers rites funéraires travers les temps, les civilisations et comment cela se vivait dans son pays. J’ai été fasciné de voir qu’au sein même de la religion catholique, il existait d’énormes différences non seulement dans le processus mortuaire, du traitement de la dépouille comme telle mais surtout dans la relation que nous entretenons avec les morts.

Par exemple, au Mexique, la Toussaint dure deux jours et est l’occasion de nombreuses festivités. Les gens vont pique-niquer sur les tombes en apportant le plat et les boissons favoris des défunts. On y mange, on y danse, on y trinque sans oublier de verser sur la terre une généreuse rasade pour permettre aux morts de boire avec eux. On rend visite aux morts comme s’ils étaient vivants.

De plus, c’est le lieu de la transmission orale des généalogies. C’est dans les cimetières qu’on apprend à l’un qu’il a exactement le même caractère que son arrière-grand-père qu’il n’a pourtant jamais connu, qu’on dit à l’autre que sa vieille tante rêvait elle aussi de partir un jour pour s’établir à la campagne et qu’elle a sans doute contribué à ce que le cadet réalise pour elle ce fantasme en quittant la ville pour s’acheter une petite plantation au nord. Bref, on y découvre le réel portrait de sa propre famille par une quantité d’anecdotes et de témoignages souvent des plus surprenants.

Avec Deux semaines après l’éternité, je tente de transposer ce rite à la famille québécoise. Nous y vivons une relation beaucoup plus solitaire avec les morts. Certains vont certes se recueillir sur la tombe de disparus, mais c’est généralement fait seul et dans le silence. Pas de grandes démonstrations, surtout pas de fêtes. Des fleurs et le silence.

« Une femme va pique-niquer sur la tombe de son mari récemment décédé. Après des années à vivre dans le silence malsain de son couple, à taire ses rêves, ses ambitions et ses goûts, elle se décide à parler. Le besoin de dire ce qui a été tu depuis des décennies, depuis toujours, depuis l’éternité. Elle va enfin rompre son silence pour se débarrasser une fois pour toute de ce poids, celui qu’elle a porté toute sa vie sur les épaules, dans les jambes, au cœur et qui l’a toujours empêché de prendre son véritable envol. »

Ma mère a aujourd’hui 67 ans. Et je crois qu’elle fait partie de la véritable dernière génération sacrifiée. Elle est de ces femmes qui se sont oubliées pour élever les enfants et dédier leur vie au bon maintien de la famille. Ces femmes qui ont abandonné toutes perspectives de carrière, qui ont enfoui leurs rêves au profit de la famille qu’elles se devaient d’avoir. Le curé, la parenté, l’entourage et parfois le village entier veillant au grain pour s’assurer d’une progéniture et surtout offrir une descendance à l’homme. Le mari, le père et ses fils ! Ainsi soit-il.