Création
Crabe rouge, un bar sordide le long du fleuve Congo ; Crabe rouge, le bar le plus chaud de Diata-Ville… S’y croisent Bibiche, une danseuse dont l’accouchement est imminent, le « colonel » Dolpic, le tenancier Bayouss et l’ex enfant-soldat Marley. Ce jour-là, la télévision nationale retransmet le procès des responsables des « disparus du Beach », ces réfugiés qui ont disparu lors de leur retour de Kinshasa à Brazzaville en 1999. Mais dans le bar, le chaos de la vie continue, entre les coupures d’électricité à répétition et la nouvelle loi qui interdit la consommation de bière durant le procès.
Julien Bissila, auteur talentueux de Brazzaville, donne naissance à une brochette de personnages extravagants, que seules les guerres, peut-être, révèlent et que son humour carnassier rend encore plus vivants.
« Comment raconter ce que nous avons vécu, l’horreur sans pathos ? On dit que "la guerre anesthésie les consciences", comment faire notre propre devoir de mémoire, rendre justice à nos disparus tout en gardant l’élan vital de notre jeunesse, l’insouciance et la joie qu’on confère à nos âges ? » (Julien Bissila)
En mai 1999, plus d’un millier de réfugiés congolais (du Congo Brazzaville) reviennent de Kinshasa à Brazzaville par un corridor humanitaire, sous la protection du Haut commissariat aux réfugiés. A leur arrivée à Brazzaville, des centaines de personnes, essentiellement des hommes, sont arrêtées par des agents publics pour interrogatoire : ils ne reviendront jamais. En 2005, le procès acquitte les quinze accusés tout en reconnaissant la disparition de 85 personnes. Depuis 2007, un arrêté ministériel congolais interdit la commémoration publique du massacre du Beach.