Désordres dans la ville


© Urban scéno, Kolektif 2D
Haïti Musique

Concerts, projections, performance, marché bio, en plein air : découvrir Port-au-Prince à travers les Scénographies urbaines. Fenêtre ouverte sur le festival des Quatre-Chemins à Haïti

Une ville aussi bouillonnante que Port-au-Prince peut-elle se laisser appréhender via l’œil des artistes ?
Suivons Beatriz Santiago-Munoz, Jean-Christophe Lanquetin, Maksaens Denis, au fil des rues, des étals ; suivons les écoliers, les passants, les petites marchandes ; suivons aussi les musiques qui s’échappent, les cris de la rue, les bruits de la ville… Les Scénographies urbaines, en négociation permanente avec l’espace où elles s’installent, avec ce qui s’y passe déjà, avec ce qui attire l’attention, avec ce qui s’inscrit dans le flux des vies, de Port-au-Prince à Limoges, tirent le fil d’une théâtralité sans scène.
La ville est le théâtre.
Place Saint-Pierre, les façades, les rues, vont faire résonner une autre ville : Port-au-Prince.
En invitant les réalisations créées par les Scénographies urbaines à l’invitation des Quatre chemins, nous créons les conditions d’un écho, d’un retour, voire d’une apparition : celle d’une ville à travers des productions artistiques in situ.
Les projets montrés à Limoges, dans le cadre de la Fenêtre ouverte sur le Festival des Quatre Chemins, ont été réalisés lors d’une résidence en immersion dans le quartier de Bas Peu de Chose à Port-au-Prince, au mois de novembre 2015.
Il s’agit de fiction documentaire (Béatrice Santiago Munoz, dans le grand marché de Port au Prince) ; d’un regard poétique (Maksaens Denis, autour des textes de James Noel) ; d’un regard interrogatif et chercheur (Jean-Christophe Lanquetin). En complément de ces trois installations - projections dans l’espace urbain de Limoges, d’autres performances réalisées par François Duconseille, Androa Mindre Kolo et Sello Pesa, seront présentées.

Marie-Agnès Sevestre

Les scénographies urbaines à port-au-prince : une expérience urbaine
A partir de 20h30

Pour Quatre Chemins, la rencontre avec les Scénos Urbaines pour l’édition 2015 a été cruciale et a marqué un grand tournant. Aux côtés des artistes haïtiens, on a pu apprécier la présence d’une dizaine d’artistes de l’Iran, d’Afrique du Sud, de RDC, des Etats-Unis, du Danemark, d’Allemagne, du Canada, de France, de Belgique, de Porto Rico... Ils sont venus en résidence, ont animé des workshops, des ateliers, et ont présenté leurs œuvres en se soumettant aux humeurs de la ville.

En invitant les Scénographies Urbaines, notre douzième édition a annoncé un réel affect pour les rencontres internationales. Ces artistes venus parmi nous, viennent pour certains avec l’envie depuis longtemps de connaître, de toucher à la terre haïtienne, et d’autres pour simplement partager avec nous ce rêve humain de la création. Et cela n’a pas manqué de nous réveiller, de nous inciter à une prise de conscience d’un destin possible par l’implication de tout un chacun dans le processus de diffusion de l’art dans notre pays.

Scénos-urbaines / Port au Prince 2015-2017.
Peut-on se passer d’une scène ?

La théâtralité n’est pas le théâtre. Elle s’inscrit, incomplète et fragile, « inconsistante, la théâtralité en somme », disait Jean Genet – dans le flux de nos vies. Elle n’a pas besoin d’une scène, d’un cube noir ou blanc. Est-elle cadrage ? Elle est mouvement des têtes, instant perçu, son qui nous parvient. Elle se perd dans une multitude de micro-actions, de gestes fugaces, de tentatives d’apparaître. Nous les voyons, ou pas, cela dépend du hasard, de la distance, de notre point de vue, de notre présence. Ce qui se perd compte autant pour la texture de l’urbain que ce que nous attrapons, voyons.

La théâtralité façonne la ville : agencement des vitrines, rythme des pas, ‘show up’ de habillement, présence des mondes invisibles, balancement de la marche en groupe ou isolé, proto-chorégraphie, tissu sonore…
« L’infra ordinaire » dirait Georges Perec.


A Port-au-Prince, la théâtralité est partout, extrêmement présente, souvent hyper visible, aussi bien dans le quotidien que lors d’événements singuliers. Cette ville est une puissante surface d’inscription esthétique, politique, performative, textuelle, fictive.

Lors de ces Scénos Urbaines à Port-au-Prince en 2015 et en 2017, à l’invitation de Guy Régis Jr. et du Festival Quatre Chemins, nous créons avec la théâtralité de l’urbain.

Jean-Christophe Lanquetin et François Duconseille

François Duconseille et Jean-Christophe Lanquetin sont co-fondateurs du collectif ScU2, porteur des Scénos Urbaines, résidences internationales d’artistes implantées dans des quartiers de grandes villes de par le monde (à ce jour : Douala, Alexandrie, Kinshasa, Johannesburg, Dakar, Saint-Denis de la Réunion, Paris sous une forme virtuelle publiée dans le n° 14 de la revue Livraison, Port au Prince ; et à venir, Port au Prince (en 2017) et Strasbourg (en 2018) dans le cadre du festival Extra Pôle (Pôle Sud).
Chaque résidence est co-réalisée avec des artistes, collectifs locaux dont Le Cercle Kapsiki à Douala, Eza Possibles à Kinshasa, l’Association Premier Temps à Dakar, The Jourbert Park Project à Johannesburg…
François Duconseille et Jean-Christophe Lanquetin sont par ailleurs enseignants en scénographie à la Haute École des Arts du Rhin (Strasbourg) où ils portent le programme de recherche Play>Urban  : http://esad-stg.net/playurban
Jean-Christophe Lanquetin travaille régulièrement en tant que scénographe aux côtés de chorégraphes et d’artistes venus du continent africain (Boyzie Cekwana, Faustin Linyekula, Andreya Ouamba, Sello Pesa, Steven Cohen, Sammy Baloji, Nastio Mosquito, Unathi Sigenu…) et aussi avec les metteurs en scène Catherine Boskowitz, Guy Régis Jr, Leyla Rabih. Ses projets d’artiste, installations vidéo, photographies, questionnent les espaces urbains / communs des villes dans lesquelles il vit et travaille de par le monde. Ses travaux sont régulièrement publiés notamment par la revue Chimurenga (Le Cap, Afrique du Sud) : jiceehell.net
Voir www.urbanscenos.org

PERFORMANCES / CLOWNERIES AMBULANTES
à partir de 18h

Diego Baffi (Brésil)
Acteur, clown, danseur et professeur à l’Université d’État de Paraná Diego Baffi est membre de la plateforme quandonde interventions artistiques dans la rue et du collectif« Performers sans frontières ».
Il a commencé ses études par un diplôme en arts du spectacle à l’Université d’État de Campinas, au Brésil avec de poursuivre ses recherches sur le thème « Regardez le clown au milieu de la rue ! Le clown itinérant et l’espace public en tant que territoire pour le jeu poétique », s’inspirant notamment de son travail de performer depuis 2002 en tant que clown de rue. Depuis 2009, Diego Baffi nourrit ses performances et ses créations d’emprunt à la danse d’improvisation ou au théâtre. Il s’est produit dans de nombreuses villes du Brésil mais aussi en Bolivie, Colombie, Équateur, Argentine, États-Unis, Portugal, Paraguay ou encore Haïti pour le festival des Quatre Chemins.

CONCERTS
à partir de 19h

Moonlight Benjamin

Wooly Saint Jean Louis & Claude Saturne

UN MARCHE BIO
à partir de 18h

Avec le soutien d’INTERBIO Aquitaine Limousin Poitou-Charentes

Les dates

Désordres dans la ville

Tarifs:Gratuit

Distribution

Scénos urbaines :
Projections dans l’espace public de :
Maksaens Denis (Haïti)
Jean-Christophe Lanquetin (France)
Beatriz Santiago Munoz (Porto-Rico)
François Duconseille (France)
Androa Mindre Kolo (RD Congo)
Sello Pesa (Afrique du Sud)

Concerts
Wooly & Claude Saturne (Haïti)
Moonlight Benjamin (Haïti)

Performances / clowneries ambulantes
Diego Baffi (Brésil)

Marché bio avec Interbio Aquitaine-Limousin-
Poitou-Charentes

Production

Production Festival des Quatre Chemins, Les Scénographies urbaines et le festival Les Francophonies en Limousin
Avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonies et de Interbio Aquitaine-Limousin-
Poitou-Charentes

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